Dans les ténèbres
III. DANS LES TENEBRES
Acrylique sur toile
(60cmx50cm)
Janvier 2016
Dans les ténèbres / Œdipe errant
Depuis des nuits sans âge défaisant le chemin
Mon pas s’aveugle Le bras qui me soutient je ne le connais pas
D’aval chaque mot enfle son ignorance
La pierre laboure le corps absent qui se déroute
Mes pieds mes yeux mordent la poussière de la route
D’une rage d’amont
Et du bâton je voudrais chasser les serpents aux aguets
Je suis sans fin le voyageur
Qui jamais n’apprit les signes et les présages
D’ être né suffit-il d’innocence à dénouer le sort
Ce que je sais n’a pas de lieu De toit pour le repos
Et chaque étape de la route je ne saurais la nommer
Aux portes d’une ville il me fallut pourtant parler
De mille ruses je défis le chant d’obscure perfidie
Mais combien vaine la victoire
Je suis sans fin ce voyageur sur une terre depuis toujours trop ronde
Ce que je sais a sa racine Pour qui ces lieux
De la méprise redoublée et sans frontière au carrefour
Quand du palais jaillit et se répand au plein midi l’horreur de la lumière
Combien amère la victoire
Plus que mes yeux mes pieds Voici mon cœur
Percé de mille morts qui ne sont pas la mort
Enfin je vois ce que tramait la nuit Le monstre en moi
Et mon savoir sans lieu et ces lieux sans savoir
Mes yeux n’ont plus de lieu ni d’être
Ce que j’ai vu brûle d’effroi à l’ombre morte des paupières
Fuir Comment se fuir quand l’épouvante naît de soi
Ce que je fuis n’a pas de lieu autre que moi
L’oblique épée du dieu a incendié ces pâles certitudes
Epée de feu comme une torche au seuil du naître
Cet antre né de moi
Seule demeure la danse de ce bras que je ne connais pas
Le cercle de l’enfer sur terre et mer énuclées
JBD