Brunehilde
Dans le brouillard Nibelungen
Perdant la rive et la sagesse
C’est vers l’orient que l’on dérive
Sur le vaisseau du Hollandais
Mais les nuées qui vocifèrent hurlent de face leur colère
Quittons les îles et l’océan gagnons les fleuves et les rivières
Et le murmure des étangs
Disaient les mères
Dans le secret Nibelungen
Et dans les brumes et sur la lande
Vibrent les runes du silence
Qu’ Odin
Un jour
Imagina pour accueillir du feu la danse
Sur bois écorce pierre ou galet
Lissant le nom et le mystère du flot ancien qui s’impatiente
Le Rhin secret
Dans la nuit des Nibelungen
J’ai cru rêver le bleu du ciel
L’enténébré sous la grisaille
La crinière d’un cheval fou
Les deux corbeaux qui l’accompagnent en son galop
Claires vigies aux ailes noires sur l’eau profonde
Quand de ce rêve émerveillé surgit soudain une promesse
Une odyssée de noirs chemins là-bas au loin en terre étrange
Grosse de philtres et de nuages
Une princesse
Aux yeux éteints pâle Ophélie de nos légendes cheveux épars et suppliciés
Guidait les pas des loups qui veillent
Sur nos armes bien dérisoires
Fille des fleuves et des nuées chevauchant l’onde et les éthers
Fille du dieu bientôt métisse et déjà louve de mémoire
Sous le charme Nibelungen en vent d’Orient puis d’Occident
Naquit Brunhilde Wisigothe
Et mourant reine en Burgondie
Fécondant terre de son sang bouche écrasée sous le sabot
Si lapidée par tant d’histoire
Injustement
Dans le brouillard Nibelungen vers le Donau portes de fer
S’en vont les signes et les présages
Perdus la rive et le savoir
La raison même
Sous l’outrage
Et sur le pont du Hollandais erre sans fin
En désespoir de sabordage la reine morte sous l’orage
JBD